Plaidoyer pour le « durable », la vision du CFA S.D.M.I Par M. SZULC Pascal
Nous pourrions identifier l’éthique du CFA SDMI avec le terme de durable. Tout ce qui est du développement technique en capacités et compétences ainsi que de l’intellect comme de ses valeurs morales collectives ou individuelles n’est qu’humain et n’amène qu’à l’humain. Ainsi dans le cadre essentiel de la formation professionnelle le propos de durable prend tout son sens. Il y a des gestes bien sûr, des gestes de plus en plus sûrs par ailleurs. Mais ils définissent un mouvement qui propose une vie, la mise en scène de l’étudiant alternant dans sa vie professionnelle neuve comme dans sa vie personnelle. Un ensemble qui se cherche, se parcellise, s’unifie, se meut comme un voyage sur une route dans le mythe de l’adulte et son équilibre. Ce durable n’a de valeurs que par le travail et les liens créés.
Le centre de formation inscrit donc dans son projet les liens, une démarche de coopération, d’accompagnement, d’encadrement qui conjuguent la connaissance, la technique et l’indispensable éthique précédant et interrogeant tout comportement dans les compétences, les savoir-faire et leur transmission.
Cette formation arrive avec ses finalités de diplôme à une période de développement avec tous les prémices et les expériences de la post adolescence, les conditions sociales et environnementales de ce moment initiatique. Il peut donc y avoir de la douleur, des espérances, des remise en question des erreurs de route, une compréhension et un déplacement vers les objets dont le niveau de complexité augmente de façon exponentielle qui demandent une prise de conscience de cette étape. Bien sûr, ces prises de conscience peuvent se faire dans l’acquisition des choses ; mais bien souvent c’est à priori qu’elle advient. Et pourtant, le formateur comme l’étudiant ne peuvent développer un enseignement partagé sans cette conscience. Deux choses nous rassurent :
La prise de conscience arrive quand l’objectif, la route, se précise dans le temps.
L’apprenant en pleine possession de ses moyens est très souvent quelqu’un d’équilibrer dans sa vie personnelle, réactif aux sollicitations en cours ou dans les relations de communications avec l’enseignant (dans un cadre collectif ou inter individuel), curieux avec déjà un capacité à prendre de la distance en mettant de côté toute susceptibilité. A noter que c’est ce qui rend le lien durable dans une période de doute, de nouveauté, de mise en jeu de soi dans la vie professionnelle, de fragilité, ce lien durable est fondateur.
Nous avons conscience de cette situation très particulière qui engage tout un être « en formation ». Comme le diffuse l’aïkido l’essentiel est dans le mouvement plus que le geste, dans la puissance plus que la force Il n’en reste pas moins que cet ensemble ne peut se vivre qu’en ayant nous-mêmes conscience de cette situation particulière et de rendre possible cette adaptation, cette ouverture au monde du travail avec ces projets, mais également au développement général de l’humain.
Être formateur a valeur d’engagement et de résultats, même si nous savons que la formation n’existe que si l’alternant est maître de sa propre formation. Ainsi, aussi performants, pédagogues (au sens grec) que nous soyons « nul n’est initié que par lui-même ». Surtout dans cette étape de la vie.
Nous sommes dans un monde de la connaissance qui place la science – ce qui n’est en rien une critique – au-delà de la technique qui est l’une de nos sources mères. Mais, nous prenons et avons conscience que nos formations sont toutes, de façon transversale basées sur un triptyque :
L’épistémè c’est la connaissance du monde qui a donné le mot « épistémologie » (l’étude de la connaissance).
La tekhné décrit la façon d’agir sur le monde d’où les mots « technique » ou « technologie ».
La phronesis est la moins connue des trois. On la traduit souvent par « prudence », mais ce n’est pas la prudence qui paralyse, c’est en fait l’éthique de l’action. A l’époque d’Aristote, elle décrivait essentiellement l’impact de ce que l’on faisait sur soi et sur les autres. Aujourd’hui, elle ne concerne plus seulement « l’ici et le maintenant » mais également « l’ailleurs et demain ».
A l’heure où les sciences et les technologies ne servent plus seulement à décrire le monde existant mais deviennent de plus en plus prescriptives et impactent ce monde de manière très nette, cette lacune devient l’enjeu majeur de tout processus d’apprentissage, ce qui constitue une nouveauté considérable. Être apprenant demande un équilibre pour atteindre des objectifs complexes corrélés à des objectifs humains qui peuvent nous dépasser en toute humilité mais avec lucidité. Un tiers Socrate, un tiers Montaigne, un tiers Michel Serre.
SZULC Pascal, formateur en culture générale chez SDMI, chargé de mission.
Apprendre lance l’errance (Michel Serre sur l’étymologie du mot)
Apprendre au XXIème siècle P.21 et 22 François Taddei, éditions Calmann-Lévy (2018)